[Podcast] « Notre positionnement est légèrement défensi...
Mathieu Détouche et Loic Tonnelier, gérants actions, évoquent le positionnement du fonds Schelcher Equity Convictions dans le contexte incertain des élections américaines.
Le point Convertibles du mois - novembre 2020 par Benoit Le Pape, responsable obligations convertibles
L’événement du 16 octobre nous a tous replongé dans nos années lycée. De mon côté, un cours de philosophie m’a profondément marqué. La pensée de Spinoza tient en deux phrases :
1. La Nature est sourde et inexorable à nos vains désirs.
2. L’homme doit comprendre le monde qui l’entoure, se libérer de ses passions tristes, et persévérer dans son désir d’Être (le fameux Conatus). Cette lecture du monde s’applique, il me semble, parfaitement à ce mois d’octobre
2020. Nous savions que le contexte boursier manquait de catalystes clairs et qu’il était important d’attendre, et que la volatilité allait demeurer. Mais déjà la rotation cyclique se mettait en place en milieu du mois, portée par le rebond en V de l’économie chinoise, une saison de résultat sans accroc en Europe, une remontée et une pentification des taux américains, se traduisant par la surperformance des bancaires américaines et des secteurs cycliques.
Hélas, le quatrième week-end de ce mois, les épidémiologistes se sont rendus compte que la Nature n’était pas sous contrôle, que nous ne comprenions pas la covid-19, que les gestes barrières et les masques chirurgicaux n’étaient pas suffisants en saison froide dans nos pays développés, et qu’au bout de deux mois, des courbes exponentielles réapparaissaient inexorablement, rendant incontournable un confinement. La pensée spinoziste nous appelle à regarder les faits. D’autres confinements localisés en 2021 ne sont pas à exclure, avant que les vaccins, dont les résultats sur leur efficacité sont attendus sous peu, n’entrent en jeu.
La volonté de persévérer dans son Être doit prévaloir, et nous continuons d’investir dans des sociétés cycliques qui offrent une exposition à un certain retour à la normale. Mais nous le faisons en choisissant des sociétés qui seront capables de passer ces vagues à répétitions en maintenant un bilan sain et une rémunération du risque acceptable
pour les actionnaires. Plus que jamais, nous privilégions les profils investment Grade car le Quantitative Easing ne pourra rien au schéma en « K » qui se met en place (le schéma en K signifie que certaines activités ressortiront plus fortes, quand d’autres sont inexorablement condamnées).
Nous pensons que les obligations convertibles offrent ainsi un moyen unique d’être investi, de persévérer dans son Être en étant exposé aux marchés actions, mais d’accepter également la Nature, en bénéficiant du soutien du lancher obligataire, et ainsi de jouir d’un droit unique actuellement (à condition d’avoir fait une analyse crédit scrupuleuse), qui est le droit à l’erreur.
Alors que l’Eurostoxx finit le mois sur des niveaux proches de -7,5%, les obligations convertibles européennes sont stables.
La société suisse de semi-conducteur AMS, raté BB-, a émis sa troisième obligation convertible pour
EUR 750M avec une prime de 47,5% et un coupon de 2,125%. Cette émission lui permet de boucler le
financement de sa prise de contrôle sur Osram. Suite à l’exécution du « Domination agreement », la
convertible sera pari passu avec les obligations sèches. AMS est leader dans le segment de l’optique et
un fournisseur de référence pour Apple.
*Spinoza, L’Ethique, 1677.