Point convertibles du mois de septembre
18 septembre 2020

Le point Convertibles du mois - septembre 2020 par Benoit Le Pape, responsable obligations convertibles


L’inflation US : notre politique, votre problème ? Les convertibles en antidote.

Hormis des records d’appréciation mensuelle jusque-là jamais enregistrés par le S&P depuis 1986 (+10,6%), le mois d’août 2020 rentrera probablement dans les annales comme ayant marqué l’abandon d’un contrôle strict de l’inflation par la Banque Centrale américaine. Elle s’autorise dorénavant des hausses de prix temporaires au-delà de la limite des 2%, si cet environnement monétaire ne vient pas menacer son objectif de lutte contre le chômage, qui constitue dorénavant l’alpha et l’oméga de sa politique publique. Le discours de J. Powell à Jackson Hole a entériné aux yeux des marchés la politique de taux bas à moyen terme, la durabilité des taux réels négatifs (taux US 10 ans se situant à 0,72% vs. des breakevens d’inflation 10 ans supérieurs à 1,8%), la dynamique baissière du dollar et une certaine repentification des taux. Il est également intéressant de noter que les swap forward d’inflation US 5 ans dans 5 ans sont passés de 1,9% à 2,1% durant la seconde quinzaine d’août. La politique accommodante de la Fed vis-à-vis de l’inflation et les taux d’intérêts réels négatifs font donc porter un risque structurel de perte de pouvoir d’achat pour les investisseurs obligataires. Les convertibles américaines nous apparaissent ainsi comme un véhicule pertinent à destination de cette catégorie d’investisseurs leur permettant à la fois une exposition aux marchés actions (« There Is No Alternative ») mais également d’offrir un « hedge » embarqué contre le retour de l’inflation. Le stratégiste de Bank of America met en exergue la bonne performance des convertibles américaines dans le cadre d’inflation modérée depuis 1988. Dans les quartiles d’inflation modérée (croissance de prix à la consommation autour de 2/3%), les convertibles américaines offrent ainsi des performances annuelles moyennes autour de 14%. Inversement en période de faible inflation (1%) ou forte inflation (4%), la performance annuelle moyenne décroît aux alentours de 6%. La décision du sage d’Omaha, Warren Buffett, d’investir $6,3bn dans des sociétés de courtage de matières premières japonaises valide cette vision d’un futur volatil et inflationniste. Deux mots qui raisonnent à ravir aux oreilles d’investisseurs en obligations convertibles…

 

LA CONVERT’ DU MOIS

Zalando a émis pour EUR 1bn d’obligations convertibles en deux tranches 2025 & 2027 afin de financer son potentiel de croissance organique. Cette société leader dans la distribution par internet de vêtements et chaussures vient à point nommé diversifier le gisement européen qui souffrait d’une indigestion locale de papier émis par les sociétés de livraison de repas à domicile. En un mois, les obligations convertibles se sont déjà appréciées de plus de 10 points.